Julien Comte-Gaz,
corps et vies recomposés

Devant une œuvre de Julien Comte-Gaz, dans un espace d’exposition ou sur Internet, le regard s’arrête et se questionne. Plus d’un siècle après leur tirage d’origine, Julien reconstruit et déconstruit les photos qui constituent le support de son travail pour les transformer en œuvres originales et faire revivre une histoire.

Julien Comte-Gaz, ©Julien Comte-Gaz,

Artiste :
jouer le jeu à fond

Pour Julien, le besoin de créer s’est toujours fait sentir. Après une formation en architecture d’intérieur à Toulouse, il s’installe à Paris pour continuer en design à l’université de la Sorbonne. Pour intégrer ce cursus, il doit recommencer par une licence d’Arts plastiques, qui s’avère être une révélation. Julien parle encore avec reconnaissance des professeurs qui l’ont poussé hors de sa zone de confort.

Un stage à la galerie Dominique Fiat se transforme en poste d’assistant, qu’il gardera pendant sept ans. Cette période très formatrice le familiarise avec toute la vie d’une galerie, et surtout, lui offre un rapport très apprécié avec les artistes, qui l’encourage à s’assumer lui-même comme tel. En 2017, il se replonge dans sa pratique artistique pour ne plus jamais arrêter.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

Art et corps humain,
inséparables depuis leurs origines

L’attrait de Julien pour le travail du corps s’explique par une évidence : il n’y a rien de plus simple et de plus humain qu’un corps dénudé. La représentation du nu a traversé les époques avec un regard évolutif. Aujourd’hui, Julien propose un point de vue parmi d’autres, en posant un regard contemporain sur des corps datés de plus d’un siècle.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

Rencontre
avec les vieilles images

Tout a commencé par des magazines Playboy laissés dans l’appartement de Julien par l’une de ses amies alors qu’il voyageait en Australie. À son retour, Julien tombe sur ces magazines vintage. Attiré par leur esthétique, il commence à dessiner sur les pages avec des stylos Rotring, hérités de son grand-père architecte. La trame est toujours la même : les mini-cercles de couleur foncée deviennent une manière de tatouer les corps en les rhabillant, au cours d’un processus de divagation méditative.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

Brouiller
les perceptions

Le livre de Philippe Jullian, Le Nu 1900, fournit le support de ses premières découpes et recompositions. Ne rien enlever, ne rien ajouter, simplement déplacer. Voici comment Julien joue avec nos perceptions.

Les artistes minimalistes comme Walter De Maria, Helen Pashgian et beaucoup d’autres l’inspirent pour leur capacité à créer à partir de matériaux simples un rapport sensuel à l’oeuvre dans un jeu d’impressions et de perceptions. Dans les oeuvres de Julien comme chez Maison Mère, il s’agit de faire appel aux sens pour mieux les surprendre.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

L'anonymat
ou l'universalité

Le nu n’est pas le seul spectre à travers lequel appréhender l’humain dans ce qu’il a de plus authentique et de plus touchant. De plus en plus, Julien travaille aussi sur des photos de familles anonymes, les sauvant ainsi d’un probable oubli, perte ou destruction. Au dos d’une photo, il n’est pas rare de trouver une annotation manuscrite, plus ou moins estompée, qui transporte le poids d’une histoire individuelle, d’un espoir ou d’une nostalgie.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

Une technique
presque chirurgicale

Les oeuvres de Julien sont composées de 60 à 800 pixels de 6 millimètres de large. Patience, minutie et prévisualisation sont les maître-mots afin de recréer une image cohérente pour l’oeil. La lecture chirurgicale de son travail amène Julien à manipuler des outils comme la pince ou le scalpel pour positionner les carrés. 

La légère marque ainsi laissée sur chaque pixel crée un relief qui, si l’on s’approche suffisamment, permet de distinguer la technique d’une création digitale. Ces détails sont comme le punctum théorisé par Roland Barthes, la déchirure imperceptible qui apparaît après-coup, ébranle tous les codes et lance le désir au-delà de ce que l’image donne à voir. 

Julien s’amuse donc à tromper l’oeil dans un double-sens, à la fois sur le contenu de l’image et sur la technique utilisée.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

À l'heure
d'Internet

Julien travaille avec un support du passé mais vit avec son temps. Ses photos transportent des histoires qu’elles donnent à voir… mais auxquelles les réseaux sociaux sont insensibles. Les techniques utilisées permettent à Julien de s’amuser à contourner les algorithmes de détection du nu : tous les éléments y sont, dans une configuration inhabituelle. 

Une fois apprivoisés, les réseaux sont un formidable outil de travail. Amusez-vous à prendre le temps de regarder, décortiquer, vous laisser raconter de nouvelles histoires sur le compte Instagram ou le site de Julien.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

Artiste
entrepreneur

Pour Julien, ce n’est pas un oxymore. L’aspect entrepreneurial fait partie du métier et permet à la partie créative d’exister. En parallèle de ses prochaines expositions, Julien développe un projet de coopérative d’artistes qu’il a cofondé avec Rebecca Bournigault en 2019. Les expositions ont pour vocation de rassembler de grands artistes contemporains avec des talents émergents. 

Ouvrir l’art à un public plus large passe aussi par la réalisation de pièces plus petites qui lui ont apporté un nouveau champ de créativité, et par la mise à disposition sur Internet des photos qu’il déniche dans les ventes aux enchères, les brocantes ou auprès de particuliers en ligne.

 

© Julien Comte-Gaz

Maison Mère - Julien Comte-Gaz ©Maison Mère - Julien Comte-Gaz

Vivre
avec les œuvres

Julien souhaite communiquer et informer sur l’art, mais aussi partager le sentiment d’avoir des œuvres chez soi. Pour lui, une maison est le matériel et l’immatériel que l’on se construit autour de nous, un lieu duquel se dégage une bonne énergie. L’art joue un rôle dans ce sentiment : on vit avec les œuvres, on les voit, on est touché quotidiennement par les émotions qu’elles provoquent. 

Et parce que l’inspiration est en mouvement perpétuel, Julien change régulièrement l’accrochage de son appartement. 

 

… Comme Maison Mère, qui se déshabille et se rhabille tous les 6 mois avec l’accrochage d’un nouvel artiste. Que diriez-vous de rencontrer Julien Comte-Gaz et ses œuvres chez Maison Mère ?

 

© Julien Comte-Gaz